22 février 2006

27) Le fauve


« Mets la nuit dans ton cœur et refermes tes plaies. »
Elle me parlait, ainsi, moi qui étais si laid
Elle ne me jugeait pas, elle aimait tout mon être
Moi qui croyais parfois que j’allais disparaître

En sortant de prison, des regards inconnus
M’ont frappés de saisons qui avaient disparu
Mon fils avait grandi, tout l’amour de ma vie
Ce sont tous des salauds : que des lois, du mépris

On m’accusait alors, pas de sang ni de l’or
Mais du profond mal être qui baignait tout mon corps
Dilettante et sourdine au silence des mots
J’éprouvais la violence d’un Octave Mirbeau

Apostrophe et lenteur, de belle indifférence
Geôlière de mes larmes, geôlière de mes sens
Prisonnière fidèle d’un amour en ménage
Des principes écoeurants du désir mis en cage

Mon regard sur les steppes et tes seins nus offerts
Sur le bord d’un lac, tout prés de la Taïga.
Je dressais mes chevaux, à te vouloir souvent
Amazone éclairée de cet hiver brûlant…

Les juges étaient absents, le verdict est tombé
Trop d’amour achevés, trop de chaînes à mes pieds
J’ai fait appel à toi, pour me voir dans tes yeux
Des cyclones à rougir des vestiges à Monteux…

Te prenais dans mes bras, j’étais guerrier, danois
Comme Erik le rouge, je suivais tous tes pas
Explorer les détails de la carte et ton corps
Dans la nuit, nos ébats et le feu brûlent encore

Ma défense était vaine, qu’allaient-ils faire alors ?
M’accuser criminel de rompre à tous mes sorts ?
De voler à Dijon des caresses et encore…
D’être libre parfois comme un fou qui se noie ?

Le matin était là, tu marchais dans les bois
Je voulais rester là et entendre ta voix...
Tu chantais la Léna, Sibérienne au- delà
Tu misais sur l’amour qu’un tsar, lui, te donna

J’avais 70 ans, j’avais pas tout perdu
Illusion de jeunesse et principes déchus
Il me restait le rêve et des jours de promesse
Il me restait vigueur animal que l’on dresse

Mon jardin de curé, grilles en ferraille usées
Quelques toiles étendues de monsieur Jean Vinay
Notre dame en hiver et des flous de Montmartre
Je veillais notre lit comme un phare sur la Martre

À la fin de la nuit, ton voyage et tes plaintes
Tu partais à jamais en des vagues défuntes
J’apprenais à écrire et tes cheveux défaits
Mets la nuit dans ton cœur et refermes tes plaies

5 commentaires:

Hypérion a dit…

Encore et toujours... Je constate que les citations géographiques sont redondantes dans tes poèmes...

la guenille a dit…

salut kevin, comment vas tu ?

il y a plusieurs définitions pour redondant. Laquelle choisis tu ?

la guenille a dit…

j'aime bien les saveurs, je suis peutêtre aussi ce qu'on appellle un "visuel" , je ne sais pas . ce qui m'embête c'est que j'aurais voulu mettre des passages en italique; si tu as une solution ..

Bises ma caille

la guenille a dit…

tu trouves vraiment qu'il y en a beaucoup ? dans celui là en tous cas ?

Holly Golightly a dit…

Il est très difficile d'exprimer ce que l'on pense et ressens face à un texte.
Je fonctionne ainsi, dans un premier temps : j'aime ou je n'aime pas. Question d'instinct.
J'aime.