17 juin 2006
51) L'autre, c'est moi
Ce jour-là , vous vous direz que vous ne comprenez pas. D’autres nourriront leur ego en disant qu’ils l’avaient présenti « trop mal dans ses baskets, trop fragile, trop gentil, ça se voyait à des kilomètres ». Mon fils pleurera, ne pleurera pas . je lui ferais le pire des cadeaux. Je n’aurais pas eu assez de courage. Ma famille ? des larmes, des poussières, de l’absence. Ma femme parlera d’elle à travers moi. On l’a plaindra une bonne fois pour toutes.
Je me débats dans ce corps mal fait, me sentir libre, respirer. La vie m’a lâché, elle m’a déraciné. Je voudrais retrouver l’envie, la niaque, le plaisir. J’ai paumé l’enfant qui était en moi, j’ai perdu mon armure. Je n’ai même plus envie d’en pleurer.
Lorsque les gens me parlent, ils s’adressent, sans le savoir, à mon faux self, celui qui a l’air calme, attentionné, gentil, dans la lune… Personne ne lit en moi, l’être fait de poussière, de misère...
Je cache mon jeu pour éviter d’assister à la fuite des gens, à leur pitié.
J’ai appelé au secours. Personne n’a entendu. On ne m’a à peine regardé.
Les psys m’ont fait tisser des liens infinis autour d’un grand vide.
Les antidépresseurs n’ont plus d’effet sur moi car je n’ai pas de moi.
Je remercierai ironiquement mon psy pour sa non-aide, sa non écoute, pour son manque de bienveillance. Pour ses conseils décalés, son analyse hors sujet.
Je remercierai mes collègues de boulot pour m’avoir laissé tomber.
Je remercierai ma femme pour avoir regardé son nouvel épanouissement au fond de son nombril.
Gamin, que peux-tu espérer d’un père comme moi ? Te fragiliser ? je n’en ai pas envie.
Certains, comme Catherine se diront, furtivement que c’est étrange de ne rien ressentir, que je n’étais qu’une guenille, que ce n’est pas de sa faute. Que ça lui suffit bien assez de se faire traiter de salope. Un jour suffira pour ne plus penser à moi.
D’autres s’en voudront un peu. Un peu et un peu moins chaque jour d’une semaine de 7 jours maximum.
Il faudra bien se débarrasser de ce corps trop lourd, comme ce bras qu’on écrase toute une nuit et dont on ne sent que le poids, au petit matin.
Comment faire pour imaginer autre chose ? mon avenir est vide d’image. J’ai bien des projets, mais eux aussi deviennent lourds. La musique devient insupportable.
L’autre. C’est ça le problème. C’est que tout le monde s’adresse à l’autre. L’être social qui sourit de façon télécommandée. L’autre c’est aussi moi, celui que vous n’entendez pas, un enfant qui ne veut pas être abandonné.
Les colères démesurées de mon père, la tristesse permanente de ma mère ont eu fin de moi. La poussière qui envahissait les couloirs, les poils du chat. Le chat agressif qu’ils ont piqué sans me le dire. Deux, trois jours ont suffi pour que je me rende compte de son absence : « on a eu peur de te le dire’ .
La dépression est là mais qu’est qu’il y a au bout ? Qui vaincra l’autre ? le dépressif ou le battant ? Le battant n’a plus de cœur, il ne sait plus danser.
Comment m’en sortir quand je suis seul ? car, au fond c’est la solitude mon pire ennemi. Lorsque je suis seul, il reste « attention la marche » « nous ne sommes pas des anges », il reste le blog, un peu.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
9 commentaires:
une parole peut-elle être utile ? si oui, moi qui suis dans ce pays neutre puisque je te connais peu, trop peu pour être une aide, je dirai simplement : résiste ... je sais c'est facile à écrire mais c'est simplement un clin d'oeil amical ! et je sais un tout petit peu de quoi je parle...
bonjour!
Moi ,c'est l'autre!
Pourquoi s'enteter toujours a voir le cote negatif de la chose !
Je pense que tu as eu aussi de belles choses dans ta vie ,comme par exemple lire "les pensées mystiques d'Erzulie"-:))))
Alors essaie bien sur de ne pas oublier mais aussi aller de l'avant ,car je pense que la vie n'est pas que desespoir !!!
salut !!!
la guenille, je sais tout raisonnement est hors sujet. la femme et le fils, quelle que soit leur attitude sont là et ils ne peuvent pas t'aider - personne ne le peut - une chose quand même tu ne peux pas les lacher. Peux tu te permettre le luxe d'un moment de solitude et de sommeil ?
Tu sais, malgré mon nom qui est bien dans ton genre, je suis toujours là. Vomis, pleure, dors et un jour l'envie de quelque chose reviendra je t'assure. Bon excuses moi.
c'est con mais la fraternité ça existe, même si ça t'indifère
tu sais aussi les petits clins d'oeil avec soi-même .. je murmure le petit soldat est fatigué - taches de trouver ta formule
La Guenille, ta vision de la vie est biaisee. Tu ne te vois pas comme tu es vraiment. Tu ne realises pas que tu es plein de ressources.
La difficulte, c'est de revenir dans le jeu. Comme dit le proverbe chinois, le premier pas qui mene au puits est le meme que celui qui te mene de l'autre cote du monde.
Tu as peur de ne rien pouvoir apporter a ton fils ? Alors prends sa main et va faire un truc avec lui. Et quand tu reviendras de cette ballade, tu sera un peu moins malheureux.
Je me joins aux 5 commentaires précédents pour te dire à ma façon de chercher tout au fond de toi, la petite étincelle qui va te faire "rebondir", elle est en toi, trouve la. Tu es le seul à pouvoir t'aider, imagine la bonne surprise que tu peux faire à ton entourage et surtout à ton fils. Ils sont plus attachés à toi que tu ne peux le penser même si tu n'en as pas l'impression. Ecris les colères de ton père et la tristesse de ta mère ensuite brûle tes écrits jusqu'à ce que tu aies sorti de toi tout ce qui t'a blessé et dépêche-toi de passer à autre chose de constructif pour toi et les tiens. A bientôt de lire.
oui bon surtout, pas d'orgueil, nous ne sommes que chimie - ne pas s'assommer mais un petit antidépresseur ça aide - la volonté ne peut rien quand en vérité on est malade
Ecris! Décharge-toi, vide-toi! l'étincelle est tout au fond sous la morosité!
Comme Mariel, je te fais un clin d'oeil amical!
Amitiés.
là, là je te trouve en beaucoup plus fort que moi mais en un peu pareil quand même...
moi, j'attends que la crise passe, qu'elle me fracasse et après je dors...
Enregistrer un commentaire